Canelle Rubrecht : “J’aime véhiculer une ambiance positive à travers mes dessins”
Canelle Rubrecht, graphiste et illustratrice en herbe, nous présente son univers poétique, amusant et coloré.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Originaire de Lorraine, j’habite à Paris depuis environ six ans. Je suis actuellement étudiante en design graphique à l’EPSAA, située à Ivry-sur-Seine. Il me reste encore un an à faire. En parallèle, je travaille également dans le domaine de l’illustration. Tout comme le design graphique, j’y consacre beaucoup de temps.
Comment définirais-tu ton style en tant qu’illustratrice?
Mon univers est poétique, onirique et ludique. À mes débuts, je faisais des illustrations uniquement en noir et blanc. Je m’inspirais beaucoup des illustrations de l’artiste coréen Moonassi et les thèmes que je travaillais étaient principalement oniriques. Puis, au fil du temps et à force de découvertes, de rencontres et d’échanges, j’aspire plus aujourd’hui à évoluer vers des illustrations colorées, mais toujours poétiques, voire amusantes. J’adapte mes illustrations en fonction des demandes. J’utilise souvent de larges aplats de couleurs avec des motifs circulaires et par moments “organiques”.
Quelles sont tes inspirations?
Je lis beaucoup et étant aussi diplômée d’une licence Histoire de l’Art à la Sorbonne Paris IV, j’ai eu la chance d’élargir ma culture artistique. J’aime traîner dans les musées et galeries d’art. Mon auteur préféré est Michel Pastoureau, un spécialiste de la couleur que j’apprécie énormément pour ses écrits très accessibles. J’aime beaucoup l’art coréen et en particulier le graphisme coréen. Ce qui m’inspire aussi est le quotidien, le monde dans lequel on vit. L’inspiration me vient en échangeant avec des personnes qui partagent comme moi une passion commune pour le graphisme et l’illustration. Échanger avec des personnes extérieures à ces univers est tout aussi enrichissant. Quand je bloque niveau inspiration, je n’hésite pas à sortir pour me vider l’esprit. Il y a aussi des périodes où un domaine en particulier va m’inspirer pendant plusieurs mois. Ce qui m’inspire en ce moment, c’est le design graphique culinaire. Je trouve ça génial de pouvoir jouer avec la vue, le goût et l’odorat. Tous les sens sont en éveil !
Qu’est-ce qui, selon toi, fait évoluer ton dessin?
Mon dessin est en évolution permanente grâce aux diverses rencontres que j’ai pu faire, mais aussi grâce à l’enseignement que je reçois à l’EPSAA. Nous y faisons du design graphique et souvent les gens pensent que dans ce domaine, on ne travaille que sur ordinateur. C’est faux ! Il est vrai que nous sommes amenés à travailler souvent sur ordinateur mais l’école accorde une grande importance au dessin. Pour mes illustrations qui sont au final réalisées sur ordinateur, je passe obligatoirement par la phase dessin. C’est primordial pour moi et il n’y a rien de plus plaisant que de pouvoir dessiner sur papier ! Enfin, j’évolue aussi beaucoup car je me remets toujours en question, je pense
qu’aussi bien en design graphique qu’en illustration, il faut savoir faire preuve d’humilité et ne pas hésiter à recevoir des critiques de la part des autres.
Si tu devais choisir l’un de tes dessins, lequel serait-ce ?
Je travaille en ce moment sur des illustrations portant sur la mythologie gréco-romaine. J’aime bien la dernière illustration d’Argus et Io, deux personnages de la légende d’Io et Jupiter, tirée des Métamorphoses d’Ovide. C’est intéressant de pouvoir travailler ce type de sujet car je peux vraiment laisser libre court à mon imagination.
“Argus observait Io : même le dos tourné, il gardait les yeux fixés sur elle. Le jour, il la laisse paître; mais dès que le soleil a disparu, il l’enferme et attache des liens bien serrés à son cou. La malheureuse n’a pour boire que de l’eau bourbeuse des ruisseaux, pour dormir que la dure terre battue.” Io & Jupiter
Comment as-tu vécu la période de confinement ?
Ça a été assez difficile pour moi, j’étais inquiète pour mes proches et mes amis, et je pensais beaucoup aux conséquences de ce confinement, à l’impact que ça aura pour tous, aussi bien d’un point de vue psychologique qu’économique. J’en ai néanmoins profité pour préparer de prochains projets. J’ai réalisé des illustration pour enfants sur les gestes barrières à adopter face au Covid-19.
Peux-tu nous parler un peu de tes projets ?
J’ai des projets très variés, du packaging, de l’édition, de la communication, des affiches, de la pub et je suis aussi en train de creuser un peu plus tout ce qui touche au motion design. Le projet que j’aimerais approfondir est un jeu graphique sous forme de mots mêlés comestibles. Je réalise aussi en ce moment une série d’illustrations sur les douze signes du zodiaque chinois, dans laquelle je souhaiterais intégrer de l’animation. J’aime véhiculer une ambiance positive à travers mes dessins. Tout dépend du projet.
Quel conseil donnerais-tu à ceux qui souhaitent se mettre au dessin ?
Je pense qu’il est essentiel de pratiquer régulièrement, d’enrichir sa culture artistique et de toucher à tout. Aujourd’hui, il est très important d’être multitâche, un peu comme un couteau suisse. Il ne faut pas savoir bien dessiner pour faire de l’illustration. Certes, il y a quelques petites choses à savoir quand on se lance dans le domaine (composition, choix des couleurs, des matières, etc) mais le plus important pour moi est le message et l’ambiance que l’on souhaite véhiculer.
Plus d’informations sur le site web et le compte Instagram de Canelle Rubrecht.
Propos recueillis par Anastasia Le Goff.
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